DÉFOULEMENT
Pour tous ceux et celles qui, occasionnellement, vivent une très mauvaise journée
et auraient juste besoin de se défouler sur quelqu'un, que vous ne connaissez
pas!
J'étais assis à mon bureau lorsque je me suis rappelé que j'avais oublié de
retourner un appel. J'ai retrouvé le numéro et j'ai appelé. Un homme répond : « Allô? ». Je dis poliment :
« Puis-je parler à Carole Cantin, s'il vous plaît? ».
L'homme me
raccroche immédiatement au nez en sacrant. Je ne pouvais croire qu'on
pouvait être aussi bête. Je vérifie le numéro. J'avais inversé les
deux dernier chiffres
Après avoir parlé à Carole, je décide de rappeler au « mauvais » numéro. Quand
le même homme répond, je lui crie :
«
T'es juste un trou de cul! » et je raccroche.
J'ai noté le numéro, avec le mot « trou de cul » à côté.
Je l'ai laissé près de mon téléphone au bureau. Ensuite, à toutes les deux ou trois semaines, quand j'avais vraiment une mauvaise journée, je rappelais mon bonhomme en lui criant :
«
T'es juste un trou de cul! ».
Ça me faisait vraiment du bien.
Quand la possibilité d'afficher les numéros appelants est arrivée, j'ai pensé que
ça pourrait mettre un terme aux appels thérapeutiques à mon « trou de cul ».
J'ai donc composé son numéro et dit :
« Bonjour, mon nom est Guy Tremblay, de Bell Canada. J'appelle pour savoir si vous connaissez notre service d'afficheur? ».
Il a crié : « NON! » et il a raccroché en sacrant.
Je l'ai rapidement rappelé pour lui dire :
«
C'est parce que t'es juste un trou de cul! ».
Quelques semaines plus tard, je me rends au centre d'achat. Après plusieurs minutes
de recherche, je trouve enfin une place de stationnement libre. Comme je m'apprête
à m'y engager, un homme, dans une BMW noire, me coupe le chemin et prend la place.
Je klaxonne et lui dit que j'avais attendu pour cette place. Il me répond par
un
« finger »
et se dirige vers les magasins. J'étais furieux et je me préparais à chercher une autre place quand j'ai remarqué une annonce
« À VENDRE » dans
la vitre arrière de la BMW. J'ai noté le numéro
Une couple de jours plus tard, juste après avoir appelé mon premier trou de cul
(j'ai mis son numéro en composition rapide et je fais toujours le *67 avant afin que
mon numéro ne s'affiche pas), j'ai pensé que ce serait une bonne chose d'appeler le
trou de cul de la BMW aussi.
J'ai composé son
numéro et quelqu'un a répondu : « Allo? ».
J'ai dit : « Êtes vous le monsieur qui a une BMW noire à vendre?
».
«
Oui, c'est exact. »
Je demande alors : « Voulez-vous me donner l'adresse où je
pourrais la voir? ». « Oui. Je demeure au 1802 de la 34e rue Ouest. La
maison est en brique rouge et la voiture est toujours stationnée juste devant. »
J'ose : « Quel est votre nom? ». « Mon nom est Marcel Carrier.
»
Je poursuis : « Quel est le meilleur moment de la journée pour
vous rencontrer, M. Carrier? ».
«
Je suis à la maison à tous les soirs après 17h. »
J'ajoute : « Écoute Marcel, puis-je te dire quelque chose? ».
«
Oui? »
Le coup de grâce : « Marcel, t'es juste un trou de cul. ».
Je raccroche et
ajoute son numéro à ma liste de composition rapide.
Maintenant, quand ça va mal, j'ai deux trous de cul à appeler. Mais, après les
avoir appeler à tour de rôle pendant quelques mois, j'éprouvais moins de
soulagement qu'à l'habitude. Au terme d'une journée particulièrement éprouvante,
il m'est venu une idée
Il est juste passé 17h et j'appelle mon trou de cul #1.
« Allo? »
« T'es juste un trou de cul! »,
mais cette fois-ci, je
ne raccroche pas.
« Es-tu toujours là? », me demande-t-il. « Oui. »
Il me crie alors : « Arrête de m'appeler, sinon».
Je le coupe : « Va chier, trou de cul. »
Il rageait : « T'es qui toé? ».
Je réponds : « Mon nom est Marcel Carrier. »
« Ah ouin? Pis tu restes où? ».
J'en bavais : « Cher trou de cul, je demeure sur la 34e rue Ouest, au 1802. J'ai une superbe maison en brique rouge et une BMW noire qui te ferait chier. »
« J'arrive tout de suite Marcel pis m'a te faire avaler tes dents! ».
Je souriais :
«
Tu me fais vraiment pas peur, trou de cul. Amène-toi! »
J'ai aussitôt appelé mon trou de cul #2.
« Allo? »
« Salut, trou de cul. », et j'attends.
Il se met à crier : « Si jamais je te pognes ».
«
Tu vas faire quoi, trou de cul? »
« Je te pète la gueule».
«
Bien. C'est ton jour de chance, trou de cul. J'arrive. »
J'ai raccroché et immédiatement appelé la police en disant que j'habitais au 1802
de la 34e rue Ouest et que, n'en pouvant plus, j'allais tuer mon homosexuel d'amant.
Ensuite, j'ai appelé
TQS en les informant qu'une bagarre entre
chefs de gang de motards se déroulait sur la 34e rue Ouest.
J'ai sauté dans ma voiture et me suis rendu près de l'endroit.
Là, j'ai vu deux trous de cul entrain de se battre à mort devant six voitures de
patrouille, un hélicoptère de la police ainsi que l'équipe des nouvelles
nationales de fin de soirée.
MAINTENANT, je me sent beaucoup mieux.